Savez-vous que j’ai travaillé chez Mcdonald’s au Japon, lorsque j’étais étudiant ?
Je vous raconte mon expérience sur cet emploi à temps partiel (arubaito アルバイト).
Au Japon, la grande chaine de fast-food Mcdonald’s américaine s’est également implanté dans la majorité des villes de l’archipel.
En katakana, Mcdonald’s se traduit par Makudonarudo (マクドナルド), mais les Japonais utilisent surtout son nom raccourci.
Dans la région du Kanto (関東) les gens l’appelle Makku (マック), tandis que dans la région du Kansai (関西) on entendra parfois l’appellation Makudo (マクド) qui se rapproche plus de l’abréviation « Mcdo » qu’on retrouve chez les Français.
Ce qui m’a amené à travailler chez Mcdonald’s au Japon
Avant de parler de mon expérience, je tiens à exprimer un sentiment personnel sur l’industrie du fast-food dont fait partie Mcdonald’s.
Je vais être honnête et j’avoue que je ne retire pas une grande fierté d’avoir « contribué » à l’industrie de consommation de « mal-bouffe » en travaillant pendant une courte durée dans un restaurant comme celui-ci.
Cet article n’a pas pour but de promouvoir l’enseigne. Je partage tout simplement mon expérience personnelle.
Revenons au contexte, et le pourquoi du comment j’ai fini par travailler au Mcdonald’s.
C’était en 2008, durant de ma deuxième année d’étudiant à Yamasa Institute (une école japonaise dans la préfecture d’Aichiken).
Jusque-là je vivais de mes économies, et ça commençait à devenir serré au niveau budget.
J’avais travaillé en tant que de plongeur dans un bar (Izakaya 居酒屋) pendant quelques mois, mais afin d’éviter les problèmes, l’école dans laquelle j’étais, m’avait demandé de « cesser » les activités en relation avec les commerces vendant exclusivement de l’alcool, ou autres emplois de type « nocturnes » (ex : boite de nuit, bar, host…).
Bien que le salaire horaire était très bien (voir l’article sur mon premier arubaito si vous voulez savoir en savoir plus), je me suis résilié à rechercher un autre petit boulot pour pallier aux dépenses de ma vie d’étudiant.
Un de mes camarades de classe taïwanais, me proposa d’essayer le Macdonald’s dont le salaire horaire était d’environ 900 Yen.
Bien que je n’étais pas vraiment chaud à travailler dans le domaine de la restauration rapide.
J’avais déjà 2 amis qui y travaillaient, lui et un autre ami d’Angleterre.
Je me suis dit que cela pouvait être une nouvelle expérience me permettant aussi d’exercer mon japonais.
Être embauché au Mcdonald’s
J’ai donc passé un entretien avec le manager de la succursale Mcdonald’s de la ville dans laquelle j’habitais.
Cet entretien n’était pas si difficile, en gros le manager m’a juste posé quelques questions pour savoir pourquoi je voulais travailler au Mcdonald’s, et si j’avais des expériences passées dans la restauration etc…
Suivi d’un petit questionnaire de personnalité et c’était plié.
Il faut savoir que la plupart des personnes qui vont demander un travail à temps partiel au Mcdonald’s sont souvent des étudiants.
Ils m’ont recontacté dans la semaine, pour m’annoncer que j’étais pris.
Après le contrat signé, toutes les nouvelles recrues étaient convoquées pour leur premier briefing.
Durant lequel, on nous présentait l’activité la boite « à l’américaine ».
Ensuite un tour de salle, pour présenter les différentes machines qu’on allait utiliser, puis les fonctions qu’on occuperait (de la cuisine à la caisse).
Pour être prêt pour le premier jour de travail, on nous fournit aussi un uniforme (chemise, pantalon, casquette, tablier) aux couleurs de l’enseigne.
Mon expérience au Mcdo version japonais
Pour ne pas trop perturber mes études, je travaillais environ 3-4 fois par semaines.
Pendant la semaine de 17-20 h, puis le weekend entre 11 h-16 h.
Je travaillais la plupart du temps en cuisine, il y avait en gros plusieurs postes de travail avec lesquels on devait s’accommoder.
Par exemple :
- La plaque pour griller les viandes
- Préparation des burgers avec le grille-pain et les bacs à ingrédients.
- Station friteuse et autres aliments frits.
- Les machine de boissons.
- La caisse.
On apprend bien évidement comment les utiliser, et en cas de doute, il y a toujours un mode opératoire à proximité.
Pendant les heures creuses il arrive de travailler avec 2-3 personnes et parfois seulement 1 personne en cuisine.
Celui-ci doit savoir utiliser toutes les stations…
Comment ça se passe en cuisine ?
Une fois le pointage, le processus d’hygiène en se lavant méticuleusement les mains.
C’est parti pour le boulot qui consiste à répéter de nombreuses tâches qui font partie d’un cycle.
Par exemple :
- Sortir les ingrédients du congélateur.
- Vérifier des dates pour les aliments (ex : sauce, fromage…).
- Préparer ingrédients et les mettre dans le bac.
- Prendre les commandes sur la console.
- Faire griller les viandes.
- Faire chauffer le pain dans le grille-pain.
- Préparer chaque burger en utilisant les ingrédients et sauces et dans un ordre précis.
- Faire les fritures (les frites, beignets de poulet, poisson ou crevettes).
- Jeter aliments qui ne sont plus consommable.
- Faire le ménage durant les temps de pause.
- Faire la vaisselle de certains ustensiles de cuisine.
- Sortir les poubelles.
…
En gros il n’y a jamais vraiment de temps mort. Et le tout en japonais bien sûr !
Au début, on est un peu perdu lors qu’on entend plein de mots en Katakana dont on n’est pas habitué.
C’est très difficile de prendre le rythme, retenir les l’ordre des ingrédients de chaque burger (allant du fameux big mac au simple hamburger), savoir utiliser chaque station de travail…
Mais au bout de 2 semaines, on s’y habitue et ont fini par devenir un vrai « petit travailleur à la chaine ».
Et à la caisse ?
Je n’ai pas beaucoup travaillé à la caisse.
Comme on est au Japon, il faut bien évidement utiliser des expressions en registre honorifiques.
Par exemple :
ご
注文 はお決 まりででしょうか?Gochuumon wa o kimari deshou ka
Est-ce que vous vous êtes décidé pour votre commande ?
店内 でお召 し上がりでしょうかそれともお持 ち帰 りでしょうか?Tennai de omeshigari deshouka soretomo Omochikaeri deshouka ?
Vous voulez manger à l’intérieur ou bien vous voulez emporter ?
Il faut aussi savoir compter en japonais en confirmant le nombre de chaque produit commandé par le client à haute voix, puis savoir rendre la monnaie en japonais…
Mais par-dessus le tout, il faut surmonter sa peur de parler en japonais avec le sourire, à des inconnus qui sont en fait « des clients ».
Mon ressenti et ce que j’ai appris
Ce que je trouvais le plus difficile au Mcdonald’s, c’était bien évidement les heures de pointes.
Le stress était constant pendant au moins 2-3 heures, où il n’y avait aucune place au répit.
Tout devait aller vite, et la moindre erreur pouvait ralentir toute la chaine.
Il arrivait même que certains managers se fâchent et nous criaient dessus en disant : Osoi yo (遅いよ) qui signifie « c’est lent » en japonais.
Puis ils prenaient, la place du ou des maillons faibles pour faire avancer la cadence.
Bien qu’il y avait des hausses de tons, les managers restaient généralement assez polis et professionnels (contrairement à mon premier arubaito).
Je détestais aussi le grille-pain avec lequel il était très facile de se bruler les doigts, lorsqu’on devait sortir le pain le plus rapidement possible.
Sans oublier l’odeur nauséabonde de l’huile dans laquelle on faisait frire les frites et autres fritures…
Je « suppose » que ce n’était pas non plus une huile de « première qualité »…
En tout cas, je n’ai pratiquement jamais mangé au Macdonald’s malgré les bons de réductions de 30% qu’on droit chaque employé de la firme.
En fait ça ne me donnait vraiment pas envie. Surtout lorsqu’on respire l’odeur de l’huile à longueur de journée, et surtout après avoir pris une centaine de commandes durant lesquels il faut cuire toutes sortes de produits congelés (dont on ne sait pas vraiment la composition).
Cependant je retire une bonne expérience sociale, travailler au Macdonald’s m’a en quelque sorte permis de découvrir le travail en équipe chez les Japonais.
Apprendre des mots, des expressions en japonais, échanger des conversations entre collègues de travail qui le plus souvent étaient soit des lycéens ou étudiants…
Aujourd’hui avec du recul, je vois cette expérience comme un plus.
Ça m’a permis d’acquérir plus d’assurance pour parler en japonais, mais surtout de me « forger » et avoir un mental plus solide.
Ce qui m’aida beaucoup lorsque je cherchais du travail au Japon.
Cela dit, si vous m’invitez manger un Mcdonald’s je dirais non :).
Car ce mode d’alimentation ne fait tout simplement plus partie de mes valeurs.