Dire merci en japonais n’est vraiment pas une mince affaire ! En effet, suivant les cas de figures, la personne à qui vous vous adressez et votre niveau de connaissances et d’éducation, dire merci et une opération qui peut prendre bien des visages différents.
La politesse traditionnelle japonaise, le Reigi (礼儀), se rapproche plus de la religion que de simples règles de courtoisie sociale. Il parait même que pour cette nation sans réelle appartenance à un seul mouvement religieux, le Reigi soit l’objet d’un véritable culte depuis les prémices de la civilisation japonaise. Et ce n’est en rien surprenant étant donné que les règles japonaises de courtoisie et de savoir-vivre sont en réalité tirées tout droit du Shintoïsme, qui est une vraie religion d’origine chinoise.
Alors, comment doit-on exprimer sa reconnaissance et remercier quelqu’un au pays Nippon ?
1) La base, le merci tel qu’on le connait chez nous
Le simple merci en japonais : ありがとう
Si vous vous êtes un tant soit peu intéressé à la culture japonaise, alors vous avez certainement déjà entendu le fameux Arigatou (ありがとう), la plus simpliste des façons de dire merci en japonais, et peut-être aussi la plus courante.
Le merci formel : ありがとうございます
Mais sachez que l’expression Arigatou, n’est en réalité qu’une manière simplifiée d’exprimer un remerciement par le plus traditionnel et formel qui est : Arigatou Gozaimasu (ありがとうございます).
Dire Arigatou Gozaimasu est souvent mieux perçu car il marque plus le respect en évitant de paraitre fainéant ou pressé.
Merci beaucoup en japonais : どうもありがとうございます
Mais la forme Arigatou Gozaimasu (ありがとうございます), est elle-même une version allégé du réel merci utilisé par les japonais qui tiennent à leurs coutumes, l’équivalent pour un français d’un « merci beaucoup » ou d’un « merci infiniment », à savoir : Doumo Arigatou Gozaimasu (どうもありがとうございます).
Cette expression, suite à l’évolution du langage à travers le temps et son adaptation aux diverses époque, s’est vue elle aussi tronquée par de nombreux résidents du Pays du Soleil Levant en Doumo Arigatou (どうもありがとう), qui se rapproche certainement du « merci bien » que l’on entend d’un bout à l’autre de l’hexagone.
Certaines personnes le raccourcissement en disant uniquement : Doumo (どうも).
En plus de ces quelques formes de remerciement somme toute plutôt basiques et faciles à retenir, la tradition nippone dispose d’une langue dite honorifique, c’est-à-dire un langage qui sert à démontrer le respect que l’on porte à la personne à qui l’on s’adresse : le Keigo (敬語), littéralement le langage honorifique.
2) Le remerciement indirect et le Keigo (敬語)
Le système de politesse japonais, ou Keigo, se décline en 3 niveaux différents :
- Le Teineigo (丁寧語), qui correspond au langage poli basique
- Le Sonkeigo (尊敬語), qui correspond au langage du respect
- Et le Kenjōgo (謙譲語), qui est le langage de la modestie.
Par exemple, si l’on utilise le langage honorifique, il est préférable de dire je suis reconnaissant, c’est-à-dire Kansha Shiteimasu (感謝しています), plutôt que simplement merci, ou je vous remercie. Cette forme est jugée indirecte étant donné que les remerciements et leurs expressions ne comportent pas directement le mot, merci ou ses dérivés.
En transposant au langage qui correspond plutôt au Kenjōgo, qui sied par exemple lorsque l’on adresse des remerciements et exprime sa gratitude à quelqu’un qui possède un statut plus important, ou qui est hiérarchiquement supérieur, certainement conçus originellement pour les sujets ou les vassaux qui démontraient le respect qu’ils avaient pour leur seigneur ou leur leader politique, cette expression devient alors : Kansha shite orimasu (感謝しております) .
Merci pour votre aide !
Il est de coutume au Japon, comme dans de nombreux autres endroits de par le Monde, de remercier quelqu’un pour ce qu’il a fait pour vous. Ainsi, dans la langue nippone simplifiée, il vous faudra dire : Tanaka ni tetsudatte moratta (田中さんにてつだってもらった), ce qui signifie : Monsieur Tanaka m’a aidé.
Mais si vous souhaitez réellement faire preuve du sens du respect et de la gratitude qu’impose le Keigo, il vous faudra dire :
Tanaka san ni tetsudatte itadakimashita (田中さんにてつだっていただきました), qui signifie : Monsieur Tanaka m’a (grandement) aidé (et je l’en remercie).
Merci d’avance !
Il est également courant au japon de remercier par avance quelqu’un de qui l’on sollicite de l’aide. Par exemple, si vous comptez demander un coup de main à ce cher Monsieur Tanaka, vous allez le remercier par avance au moment où vous lui demandez de l’aide : Tanaka san ni tetsudatte itadakeruto、arigatai (田中さんにてつだっていただけると、ありがたいです), ce qui se traduit en français par : Si vous m’aidez, je vous en serais grandement reconnaissant !.
3) Le merci japonais implicite
Hormis les versions plus ou moins explicites pour dire merci en japonais citées ci-dessus, il est également dans la norme de politesse japonaise de remercier implicitement les gens pour certaines actions et événements précis.
La philosophie du cadeau en échange pour dire merci
Traditionnellement, au Japon, il est de coutume d’offrir un petit quelque chose en remerciement pour une action bénéfique menée à votre avantage.
Le remerciement au travail
Au travail il est naturel de quelqu’un vous explique quelque chose que vous ne comprenez pas. Par exemple, si l’on vous montre comment se servir d’un outil ou d’un logiciel particulier, il est commun de le remercier par un petit geste, tel qu’offrir une boisson ou un morceau à manger.
Il est également de coutume de remercier implicitement son employeur lorsqu’il vous permet de bénéficier d’un arrêt maladie ou d’un congé pour vos vacances, bien qu’il y soit tenu par la loi….
Si vous partez en vacances, Il ne faut pas oublier de ramener pour votre entreprise un petit souvenir de vos vacances, c’est ce que l’on appelle Omiyage (お土産).
Le remerciement de fin d’année
Comme dans beaucoup d’autres cultures, le Japon est un endroit où les fins d’années riment souvent avec remerciement. Et pour ce faire, au pays nippon, comme dans la culture anglo-saxonne, qui certainement celle en Europe qui s’en rapproche le plus de par le respect des règles de savoir-vivre, il faut envoyer des cartes de vœux, Nengajou (年賀状), à grand nombre de personnes, et pas seulement à un cercle restreint d’amis et de membres de la famille mais a tout ceux qui vous ont aidé durant cette année (collègues de travail, partenaires ….).
Mais au Japon, on ne se contente pas d’écrire simplement « meilleurs vœux ! » ou « bonne année et bonne santé ! », comme certains se limitent à le faire en France.
La formule traditionnelle pourrait plutôt ressembler à ceci :
« Je vous souhaite une bonne et heureuse nouvelle année et vous remercie du respect que vous m’avez témoigné pendant celle qui vient de s’achever. J’espère que l’année qui vient annonce une pareille bienveillance mutuelle entre nous !« .
Les cadeaux de remerciement
Faire des cadeaux au Japon peut être un art délicat si la personne à laquelle vous faites face se conforme aux traditions Nippones. Contrairement à dans beaucoup d’autres régions, il n’est pas malpoli de refuser un cadeau, en partant du principe que le fait d’accepter ce cadeaux vous invite à en faire un en retour ayant sensiblement la même valeur. Les Japonais comprennent que vous pouvez être amené à refuser leur cadeau si vous n’êtes pas assez fortuné pour retourner la gentillesse avec un degré d’investissement financier de la même ampleur.
La façon d’accepter un cadeau est également soumise à un certain protocole. Assurez-vous de toujours accepter un cadeau en le prenant avec les deux mains, au risque de vous montrer irrespectueux !
La « fête des amoureux » suit également des règles précises au Japon. Elle se décompose en effet en deux jours distincts : la Saint-Valentin et le White-Day. La Saint-Valentin est une fête durant laquelle les hommes reçoivent de petites attentions de leurs amies ou prétendantes, tandis que pour le White-Day, c’est à eux d’offrir quelque chose à leur bien-aimée.
Très attachés au traditionnels Omiyage (お土産), il est normal pour les japonais d’offrir un petit cadeau-souvenir provenant d’une destination lointaine qu’ils ont eue l’occasion de visiter à leur famille et amis proches.
Le remerciement obligatoire dans l’immobilier
Une particularité des coutumes concernant la politesse au Japon s’applique aux locations immobilières : le Reikin (礼金). Le Reikin est une forme de « Key money » qui signifie littéralement « Argent en remerciement », c’est-à-dire une somme d’argent versée au propriétaire d’un logement au moment de la signature d’un bail en guise de remerciement, en sus du traditionnel dépôt de garantie, et qui est obligatoire au même titre que ce dernier. Mais, à la différence d’un banal dépôt de garantie, le Reikin n’est pas remboursé au locataire lorsqu’il quitte les lieux. Le Reikin, qui représente généralement un à trois mois de loyer, mais qui peut aller jusqu’à six mois, est tout simplement une offrande au propriétaire afin de le remercier de mettre à disposition le logement. Mais le marché Nippon se mondialise quelque peu, et de plus en plus d’agences immobilières commencent à proposer des logements en location Reikin-free (礼金0).
4) Le remerciement par la gestuelle : le Rei (礼)
La tradition japonaise veut que la gratitude ne s’exprime pas uniquement par la parole ou le don, mais également par la gestuelle.
En effet, pour se saluer ou se remercier dans la culture nippone, il est de coutume d’utiliser le Rei, une salutation qui consiste à s’incliner de façon solennelle devant quelqu’un.
Le Rei est utilises dans de nombreuses situations :
Par exemple, les enfants à l’école saluent et remercie d’avance leur professeur avec le Rei du matin dit Cho Rei (朝礼).
Mais cette salutation peut également impliquer une notion de regret, de demande de pardon, comme lors de l’annonce de l’indemnisation des victimes de la catastrophe de Fukushima, durant laquelle les officiels dépêchés par la société Tokyo Electric Power (Tepco) se sont inclinés dans un Rei touchant pour exprimer leur volonté de se faire pardonner la responsabilité d’un pareil traumatisme pour le Japon.
Bien sûr, en plus du Rei, il existe d’autres façons traditionnelles d’exprimer son respect par une forme révérencieuse, comme par exemple avec le Zarei (座礼), ancestrale salutation effectuée à genoux sur le sol. Lors de certaines cérémonies officielles et/ou traditionnelles, telle la célèbre cérémonie du thé ou lors de certains combats d’arts martiaux, il est normal d’effectuer le zarei pour exprimer le respect d’autrui et le remercier implicitement.
Vous n’avez maintenant plus aucune excuse pour déroger aux règles de politesse lorsque vous vous trouvez sur le sol japonais ! N’oubliez pas de dire merci en japonais lorsqu’il le faut.